Les étrangers et l’aide sociale

Sep 9, 2018

Aucun étranger ne part pour la Belgique avec l’idée de venir profiter de notre système d’aide sociale.
C’est ce que prouvent de récentes statistiques. Plus d’un million d’étrangers résident sur notre sol et peu d’entre eux bénéficient du revenu d’intégration sociale octroyé par les CPAS.

Quitter à tout jamais sa terre natale pour partir vivre dans une contrée lointaine et inconnue. Oseriez-vous ? Parviendriez-vous à franchir le pas ?

Des tas d’individus nés sur d’autres continents le font. Ils partent pour cette aventure, ou plutôt mésaventure, laissant souvent famille et amis derrière eux.
Les raisons de leur quête sont multiples : améliorer leur situation personnelle (financière, sanitaire, émotionnelle…) ou échapper à un conflit, une catastrophe naturelle, des lois portant atteinte aux libertés et droits fondamentaux ou toute autre situation dangereuse.
Mais selon Joël Machado, économiste à l’Université catholique de Louvain (UCL), aucun migrant ne vient en Belgique avec l’objectif de profiter de notre système d’aide sociale.

« L’exploitation du système de protection sociale du pays de destination n’est sûrement pas un but en soi. De plus, la décision d’émigrer, dont l’issue est souvent incertaine, implique des dépenses et des risques importants. »

Dans notre pays, il existe deux principales mesures d’aide sociale.
La première, le revenu d’intégration sociale (RIS), n’est pas si aisé à obtenir.
Il existe en effet cinq conditions pour en bénéficier :

  1. Être majeur
  2. Être inscrit au registre de la population
  3. Posséder un droit de séjour supérieur à trois mois
  4. Prouver que l’on ne dispose pas des ressources suffisantes pour vivre ni des moyens pour les acquérir
  5. Être disposé au travail

Les personnes ne répondant pas à ces conditions, telles que les demandeurs d’asile ou les étrangers non-inscrits au registre de la population, peuvent toutefois demander une aide sociale équivalente sous différentes formes (aide financière, aide en nature, guidance…).

Selon un récent rapport réalisé par le SPP Intégration sociale, le nombre mensuel moyen de ressortissants étrangers bénéficiant du RIS s’élevait, en 2016, à quelque 37.000. Notez que ces chiffres incluent les individus ayant obtenu le statut de réfugié. Par ailleurs, environ 17.000 ressortissants étrangers jouissaient de l’aide sociale équivalente.
Nous arrivons donc à un total de 54.000 immigrés qui recourent à notre système de protection sociale. Un nombre très bas lorsque l’on sait que pas moins de 1,3 millions d’étrangers résident sur notre territoire.
Cela signifie que seulement 4,2 % d’entre eux bénéficient d’une aide sociale.

« L’idée reçue de ‘‘l‘immigrant profiteur’’ est contredite par les statistiques », constate Joël Machado.

Les migrants, une population plus jeune

Si l’on compare la part de bénéficiaires d’aides sociales au sein de la population belge à celle au sein des ressortissants étrangers, on réalise que ces derniers y sont surreprésentés. Cependant, il convient de placer ces chiffres dans leur contexte socio-économique. « La population étrangère diffère de la population autochtone selon de nombreuses caractéristiques. Elle tend notamment à être plus jeune. Les dépenses qui visent à promouvoir l’insertion dans la société étant en général destinées à une population moins âgée, cela implique qu’en moyenne, ces dépenses soient plus importantes pour un ménage étranger (comparé à un ménage autochtone), à l’inverse de celles liées aux pensions, par exemple », explique Joël Machado.

Par ailleurs, les étrangers contribuent, à l’instar des Belges, au bon fonctionnement de l’économie.
Ils consomment et participent aux finances publiques. « Les impôts payés par un ménage étranger moyen dépassent les dépenses sociales qui lui sont versées. »

Le travail, véritable solution à l’assistance sociale

Le taux de participation au marché de l’emploi, à savoir la part de la population âgée entre 15 et 64 ans qui travaille ou est à la recherche d’un emploi, est extrêmement proche entre les Belges (68,3 %) et les ressortissants étrangers (64,2 %).
La différence réside dans le taux de chômage, qui s’élève à 17 % chez les immigrants, contre 6,8 % chez les natifs.
Or, selon Joël Machado, l’insertion des étrangers s’opère avant tout par le marché du travail. « L’accès à un emploi convenable reste en effet le meilleur moyen d’éviter le recours à l’assistance sociale. »

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