Les chômeurs, faux coupables

Oct 15, 2018

Les chômeurs et autres allocataires sociaux sont souvent accusés de mettre à mal le système d’aide sociale.
Pourtant, les coûts qu’ils engendrent sont bien moins importants qu’il n’y paraît.

Les allocations de chômage pèsent relativement peu dans les dépenses de la Sécurité sociale : moins de 10 %.
Ce sont les pensions qui occupent une part prépondérante des dépenses : plus de la moitié.
Suivent les soins de santé, qui pèsent un peu moins de 30 %. C’est donc le vieillissement de la population qui constitue la cause des dépenses importantes de la Sécurité sociale et non les chômeurs.

Par ailleurs, en jetant un coup d’œil aux chiffres publiés par la Cour des comptes, la vérité est flagrante : les dépenses relatives aux pensions ont explosé entre 2015 et 2017 en augmentant de plus de 60 %.

En cause : l’intégration des pensions publiques.

Les coûts engendrés par les allocations de chômage ont, quant à eux, baissé d’environ 5 % en deux ans.
Ce recul s’explique par la diminution du nombre de chômeurs indemnisés, d’interruption de carrière, de crédit-temps et d’ayants droit dans les régimes de chômage avec complément d’entreprise.

Les allocataires sociaux, véritables boucs émissaires

L’opinion publique a pris pour habitude d’accuser les chômeurs et autres allocataires sociaux de mettre à mal le système d’aide sociale en fraudant, en contournant la loi ou en obtenant des avantages auxquels ils ne devraient pas avoir droit. Or, Florence Loriaux, historienne au Centre d’Animation et de Recherche en Histoire ouvrière et populaire (CARHOP), perçoit plutôt les allocataires sociaux comme les « victimes involontaires d’un système incapable de redistribuer équitablement les profits entre toutes les catégories sociales ».
Selon elle, le gouvernement préfère désigner certains groupes sociaux comme coupables du blocage de notre système économique, plutôt que de lutter contre les dysfonctionnements du modèle dans lequel nous vivons. Un excellent exemple n’est autre que la plateforme en ligne mise en place par nos responsables politiques pour inciter les citoyens à dénoncer les fraudes sociales : Point de contact pour une concurrence loyale.
« Les moyens mis en œuvre pour contrôler la fraude sociale sont bien plus importants que la fraude elle-même »
, s’insurge Florence Loriaux en citant également le renforcement des visites domiciliaires et le contrôle des consommations énergétiques dans le but de vérifier la domiciliation des allocataires sociaux.

« Une pauvre fraude »

« S’il est difficile de contester qu’il existe une fraude sociale, soulignons qu’il existe également une fraude fiscale infiniment plus coûteuse en termes de pertes pour les finances publiques », relève Florence Loriaux.
La fraude fiscale est généralement le fait d’individus au patrimoine ou aux revenus importants.
Les sommes qui se faufilent entre les mailles du filet sont gigantesques. En comparaison, la fraude sociale est bien plus faible.
Florence Loriaux nous rappelle un avis rédigé par le Conseil d’État français en 2011 : « La fraude des pauvres est une pauvre fraude. »

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