Pauvres enfants
Les pauvres ne fondent pas une famille pour gagner de l’argent
Il existe de multiples moyens de percevoir des revenus, voire de les optimiser. Mais faire des enfants n’en est pas un.
Est-ce les pauvres qui font trop d’enfants ou les riches qui n’en font pas assez ? Est-ce vraiment une folie que d’avoir trois enfants ou plus ? En Belgique, le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer ne dépasse pas 1,8…
Percevoir des allocations, des aides sociales ou encore une réduction de ses impôts
L’opinion publique pense que les personnes vivant dans la précarité choisissent de fonder une famille nombreuse dans l’unique but d’obtenir des avantages économiques. Certes, le montant des allocations familiales augmente pour le troisième enfant, ainsi que pour les suivants. C’est d’ailleurs pour relancer et soutenir la natalité que l’on a créé ces politiques.
Pourtant, différentes études prouvent que l’impact sur les naissances est plus limité qu’on ne le pense.
En 2014, la Ligue des Familles a analysé la littérature scientifique sur le sujet et est arrivé à la conclusion que « ces politiques de transferts financiers aux familles n’ont qu’un impact très limité sur la natalité ».
Par ailleurs, une étude réalisée en 2002 indiquait qu’en France, la relation entre ces aides financières et la naissance d’un troisième enfant ne différait pas selon le statut socioprofessionnel des parents. La même étude révélait également que plus les femmes étaient diplômées, plus elles rapprochaient leurs grossesses et plus elles donnaient naissance à un troisième enfant.
« Bref, les allocations ne poussent pas à faire plus d’enfants au bas de l’échelle sociale, ou alors pas plus qu’en haut », conclut Thomas Lemaigre, journaliste et chercheur indépendant.
L’enfant, entre bénéfices et coûts
Certes, un enfant rapporte des allocations familiales.
Mais n’oublions pas qu’un membre supplémentaire dans la famille constitue également un coût important. Selon une évaluation du Gezinsbond (l’équivalent flamand de la Ligue des Familles), un enfant coûte environ 487,75 euros par mois.
Or, l’allocation octroyée pour un troisième enfant ne s’élève qu’à 259,49 euros par mois et est donc insuffisante pour couvrir l’intégralité des dépenses.
Une définition biaisée de la pauvreté
La définition de la pauvreté établie par l’État ne permet pas de cerner l’ensemble de la population concernée.
En effet, selon Thomas Lemaigre, « le calcul du seuil de pauvreté sous-pondère très largement le paramètre ‘‘enfant’’ ». Le seuil de pauvreté est fixé à un revenu de 1.115 euros par mois pour une personne seule. Ensuite, il varie selon la composition du ménage.
Par exemple, un enfant âgé de moins de 14 ans est pris en compte à hauteur de 30 % de ce montant, à savoir 334,50 euros par mois. Nous sommes loin de l’estimation calculée par le Gezinsbond : plus de 150 euros en moins ! Ainsi, selon le calcul réalisé par l’État, pour une personne seule avec enfant, le seuil de pauvreté est fixé à 1.449,50 euros par mois (1.115 + 334,50).
Le constat de Thomas Lemaigre prouve l’absurdité de ce raisonnement : « En clair, si vous avez des revenus moyens inférieurs, plus vous avez d’enfants, plus vous avez de chances d’être sorti un peu vite des statistiques de la pauvreté. »